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Communiqué de la REV Auvergne-Rhône-Alpes


Les oppositions à l'agrandissement ou à la construction de nouveaux aéroports se multiplient à l’échelle nationale et internationale, tout comme la remise en question justifiée de ce mode de déplacement. En témoigne notamment le rassemblement, en mai dernier,  de 70 associations environnementales qui ont publié par la même occasion un appel commun invitant à “réduire progressivement le trafic aérien”. (1)

À contre-courant de ces revendications sociales et sociétales, sourds aux considérations environnementales et ignorant les protestations des riverains, les élu.e.s du département de la Loire se félicitent du développement de l’aéroport de Saint-Étienne Loire.

De fait, c’est fort d’une nouvelle gouvernance que cet aéroport, situé à Andrézieux-Bouthéon, occupe depuis quelques mois l’actualité locale. L’évolution la plus notable étant la reprise des vols commerciaux, et plus précisément les vols charters qui désignent le transport de passagers de manière non régulière. Ainsi depuis 2023, ce sont des vols vers la Crète ou vers Rhodes qui sont réalisés.

En 2024, ce sont également cinq vols qui sont programmés. L’aviation commerciale contribue à hauteur de 7% des émissions de CO² en France. Un trajet aller-retour en avion de l’aéroport de Saint-Etienne Loire à Rhodes génère 1 tonne de CO² par personne (2), un chiffre ahurissant si nous prenons par exemple ce qu’émet un.e Ougandais.e en un an, à savoir 1,1 tonnes de CO².  N’est-il pas absurde de se féliciter de la reprise de vols charters à l’heure du dérèglement climatique mise en avant régulièrement par les rapports du Giec ?

Si les vols charters posent un problème environnemental, ils sont également questionnables en termes d’équité sociale. En effet, lorsque nous nous penchons sur le financement de l'aéroport de Saint-Etienne Loire, il apparaît que ce dernier fonctionne grâce à l’argent de toutes et tous : il s’agit d’argent public. Le Département est le principal pourvoyeur de fonds du syndicat de gestion de l’aéroport d’Andrézieux-Bouthéon, juste après Saint-Etienne Métropole, Loire Forez ou Forez Est. Il est question par exemple d’un budget de 1,4 millions d’euros pour l’année 2022, entièrement financé par de l’argent public. Si aucun vol charter n'a décollé entre 2017 et 2023, c'est parce que les collectivités ont stoppé les subventions aux compagnies présentes qui étaient alors sous perfusion d'argent public.

L’association locale Forez Agir pointe le gaspillage d’argent public représenté par cet aéroport, qui serait essentiellement utilisé par quelques équipes de football et chefs d’entreprises. Elle suggère par ailleurs que les espaces utilisés par l’aéroport pourraient être dédiés à d’autres usages, comme la mise en place de panneaux photovoltaïques sur le parking et les pistes non utilisées de l’aéroport, voire l’idée de remettre en terre plus de 100 hectares agricoles ou bien encore la création d’une mare et d’un espace plus propice à l’accueil de la biodiversité (3). Alors que les populations d’animaux vertébrés ont décliné de 70% depuis 1970, œuvrer pour le ré-ensauvagement d’espaces devrait être une priorité.

Malheureusement, ce n’est pas l’idée qui semble animer le projet concernant cet aéroport. Au contraire, le directeur du syndicat mixte de l’aéroport, qui n’est autre que le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, évoquait sur les réseaux sociaux le 26 octobre 2023 que ce sont près de 10 hectares disponibles qui ont été identifiés pour attirer de nouvelles activités économiques. Des propos qui ont été repris par la directrice de l’aéroport Stéphanie Manuguerra, qui ajoute que ces terrains peuvent être encore connectés ou connectables à la piste afin de développer des activités économiques (4). Alors que la lutte contre l’artificialisation des sols est également un sujet brûlant, cet objectif de développement apparaît en décalage avec la réalité.

Nous dénonçons cette course à la rentabilité économique nourrie par le productivisme et le capitalisme. Durant les 10 dernières années, ce sont 6 à 9% de terres qui ont été artificialisées en plus, soit entre 20 et 30 000 hectares par an, chaque hectare compte. Cette lutte indispensable contre l'artificialisation des sols est également traduite dans la loi, avec la loi “Climat et Résilience” du 22 août 2021 qui vise à diviser par deux la bétonisation entre 2021 et 2031 et plus récemment avec la loi du 20 juillet 2023 (5).

Dans sa communication, la directrice de l’aéroport Stéphanie Manuguerra déclare qu’il est dommageable d’avoir fermé des petites gares et que fermer un petit aéroport le serait également. Curieux parallèle : si un maillage ferroviaire dense constitue un outil de lutte contre le réchauffement climatique (6) (comme le rappelle entre autres l’association locale LeTrain634269 (7) qui lutte pour le rétablissement de la ligne directe de Saint-Étienne à Clermont-Ferrand), c’est tout l’inverse en ce qui concerne l’aviation commerciale : les moteurs d’avions produisent des gaz à effet de serre en grande quantité et relâchent dans l'atmosphère des polluants nocifs tels que l’oxyde d’azote, le dioxyde de soufre ou encore le monoxyde de carbone. En outre, sur distance équivalente, l’avion émet en moyenne 30 fois plus de Co2 que le train.

Il ne faut pas nier l’utilité que peut avoir cet aéroport en termes de sécurité civile ou en lien avec les formations de pilotes. L’association Forez Agir évoque par ailleurs, l'utilité que pourrait revêtir la création d’une base de ravitaillement pour les bombardiers en eau, un pélicandrome (8). À l’heure du réchauffement climatique et de la multiplication des feux de forêts, cette proposition nous apparaît comme étant beaucoup plus sensée que le développement d’un aéroport centré sur les vols touristiques, d’affaires et économiques.

La REV s’oppose au projet écocidaire d’agrandissement de cet aéroport, qui utiliserait de l’argent public au profit exclusif de quelques-uns, et soutiendra les alternatives centrées sur le respect du vivant pour le bien commun.



Sources :

(1) https://rester-sur-terre.org/pour-la-sante-et-le-climat-plus-de-70-associations-environnementales-appellent-a-reduire-progressivement-le-trafic-aerien/
(2) https://futur.eco/simulateur/transport/avion/impact?transport.avion.distance+de+vol+aller=2232&transport.avion.arriv%C3%A9e=%27Rhodos%27&transport.avion.d%C3%A9part=%27St-Etienne%27&transport.avion.confort=%27normal%27&transport.avion.for%C3%A7age+radiatif=%27%C3%A9tat+de+l%27art%27
(3) https://www.leprogres.fr/transport/2023/05/24/l-aeroport-est-un-service-quasi-prive-finance-par-le-public
(4) https://www.if-saint-etienne.fr/economie/laeroport-saint-etienne-loire-se-remet-en-piste
(5) https://www.vie-publique.fr/loi/288650-loi-20-juillet-2023-accompagnement-elus-contre-artificialisation-sols
(6) https://reseauactionclimat.org/train-allie-climat/
(7) https://letrain634269.org/
(8) https://www.le-pays.fr/boisset-saint-priest-42560/politique/laeroport-est-un-piege-abscons_14317920

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