Communiqué : La REV dénonce le projet lunaire de l’usine de saumon Pure Salmon au Verdon-sur-Mer 

Communiqué de l’antenne régionale de la Révolution Écologique pour le Vivant, parti politique d’écologie radicale et antispéciste, en Nouvelle-Aquitaine

« Un élevage responsable et durable de saumon français ». C’est par cette accroche que la société Pure Salmon souhaite « contribuer à l’indépendance alimentaire de la France » en lançant son projet à Verdon-sur-Mer en Gironde. Sur le papier, tout y est ! 250 emplois directs, 275M d’investissement, des produits conçus « de l’œuf à l’assiette », respect de l’environnement et du bien-être animal, le tout avec la bénédiction de l’État qui fournit un site « clé en main », réduisant, de fait, les procédures administratives, notamment les expertises environnementales.

La réalité, c’est qu’il s’agit d’un élevage industriel qui produira 10000T de saumon par an : une infrastructure mortifère qui entre en totale contradiction avec les contingences écologiques et économiques du monde de demain. La REV, mobilisée en faveur d’une agriculture éthique, végétale et respectueuse du vivant, s’oppose fermement à l’implantation de cette usine de poissons en Gironde.

L’élevage-usine Pure Salmon est une gabegie écologique

L’idée d’implanter une usine de 7,5 Ha sur une enclave industrielle de 14 Ha au milieu de plusieurs sites naturels protégés, zone qui, malgré les renflouages récurrents, sera sous les eaux d’ici 10 ans, est à elle seule un non-sens écologique.

Le projet de Verdon-sur-Mer impliquerait également :

• 25T de boues humides et déchets organiques dont de l’azote et du phosphore, fertilisants naturels très appréciés des algues vertes, désastre sanitaire en Bretagne. Ces rejets arriveraient dans l’estuaire de la Gironde à une température inférieure de 10-12°C à celle où évolue la biodiversité locale.

• 200000m3 d’eau pour remplir les bassins hors-sol, puis 3600m3 par jour pour la compensation des rejets, dans une région en forte tension hydrique.

• 100 GWh d’électricité par an, soit la consommation de 44000 foyers, dont la provenance n’est pas définie. Aucune étude n’a été réalisée au préalable.

• Le va-et-vient polluant de camions de livraison et le transport par bateau, puis routier des œufs en provenance d’Islande.

• L’import de farines de poisson (3kg de poisson par kg de saumon, pour 10000T en tout) et de soja (déforestation, OGM, pesticides) d’Amérique du sud.

• L’utilisation massive des gaz fluorés pour la climatisation des bâtiments, le maintien des bassins à 12°C en permanence et la réfrigération de l’unité de transformation des saumons en « produit fini ».

La construction et la mise en fonctionnement d’une telle structure est l’annonce d’un naufrage écologique.

L’élevage-usine Pure Salmon est un mensonge économique

La société Pure Salmon appartient à 8F Asset Management, un fonds d’investissement spéculatif singapourien basé à Abu Dhabi. Nous sommes donc en droit de nous interroger sur la réalité et la provenance des fonds.

Par ailleurs, les 250 emplois annoncés ne sont qu’une carotte pour appâter les élus et la population d’une zone économiquement sinistrée. Dans les faits, la technologie de recirculation et d’épuration de l’eau en circuit fermé, le RAS, nécessite une main-d’œuvre hautement qualifiée, l’unité de transformation des poissons étant, à terme, vouée à l’automatisation.

De plus, il faut aussi considérer les impacts sur les secteurs locaux du tourisme et de la pêche, une fois que le paysage aura été modifié par la pollution des eaux.

De tels modèles économiques n’ont pas leur place dans la construction du monde de demain.

Pire que la maltraitance, la torture animale

Pour obtenir 4 à 5 millions de saumons par an, il faudrait « élever » près du double d’individus. En effet, dans ce genre de ferme-usine, il s’agit de compenser le taux de mortalité extrêmement élevé, constaté partout où cela existe déjà. Avec une telle densité de population, les épidémies et les blessures par agression sont inévitables, malgré ce qu’en dit Pure Salmon.

Ce ne seraient donc pas 10000T de saumon, mais plutôt 6 à 10 millions de poissons ressentant la douleur et les émotions, tentant de survivre dans des bassins grouillant d’individus. Au vu des chiffres annoncés, un saumon Pure Salmon n’est pas voué à vivre dans une caisse à vin, comme le disent certains articles de presse, mais plutôt dans une boîte à chaussures. De telles conditions de vie sont inacceptables, quelle que soit l’espèce.

Un saumon heureux est un saumon libre !

Un danger majeur pour la population et les écosystèmes

L’eau utilisée devrait être puisée dans une nappe d’eau saumâtre située juste au-dessus d’une nappe d’eau douce alimentant une grande partie de la Nouvelle-Aquitaine. L’impact d’une contamination de celle-ci serait désastreux pour les populations et les écosystèmes. À ce sujet, la CLE (Commission Locale de l’Eau) a rendu un avis défavorable le 20/11/2023.

Par ailleurs, la technologie RAS n’a jamais été utilisée en Europe sur des densités de poissons équivalentes. Partout dans le monde, les usines utilisant ce système subissent des échecs cuisants en termes de rendement et d’incidents.

D’autre part, le stockage sur site d’importantes quantités d’oxygène, d’ammoniaque et de gaz fluorés a déjà provoqué des explosions graves, avec dissémination de polluants dans les sols et l’atmosphère.

Laisser faire cette aberration serait une mise en danger de la vie d’autrui de la part de Pure Salmon, ainsi que des institutions approuvant la mise en service des installations.

Ce projet, s’il devait aboutir, irait à l’encontre des enjeux actuels de notre société, qu’ils soient écologiques, économiques ou éthiques.

À ce titre, la Révolution Écologique pour le Vivant condamne ce projet d’un autre temps et luttera fermement contre son accomplissement.

De ce fait, la REV continuera, comme elle le fait depuis le début de la mobilisation, à soutenir les collectifs Eaux Secours Agissons et Estuaire 2050 et répondra présente à la réunion d’information qui aura lieu le 26 janvier prochain à la Salle des associations de Royan, à 19h, ainsi qu’aux futures actions.