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Par Astrid Prévost, chargée de mission pour l'Association Végétarienne de France et co-référente REV Grand-Est. 

«Ce langage, qui était fait pour exprimer et révéler, voilà qu’il sert à dérober.» Vladimir Jankelevitch

Ne dites plus «Enseignement agricole », mais «Enseignement du Vivant ». Cette proposition provient des consultations pour la loi d’orientation agricole, et a pour objectif d’amener des jeunes vers le secteur agricole. Car le climat est une des préoccupations majeures des jeunes.

Or, l’élevage est un des premiers responsables de son dérèglement, de la perte de biodiversité et du gaspillage des ressources en eau.

Donc, plutôt que d’agir à la source en orientant les jeunes vers les filières végétales et en leur fournissant de vraies connaissances sur les conséquences de notre modèle agricole, pourquoi ne pas plutôt saupoudrer quelques mots aussi jolis que creux ? « Enseignement du Vivant » : l’exemple est grossier. Pourtant, cette perversion des mots est une méthode éprouvée dans les domaines qui font appel aux stratégies de propagande: la politique et le marketing. Cette manipulation dénature la pensée en créant un système de séduction de masse. Et ce système, au fil du temps, s’engraisse de la force des habitudes, qui s’ancrent dans l'inconscient collectif. Vendre des produits qui causent la souffrance et la mort de milliards d’êtres sensibles en vantant tout le bien qu’ils font, c’est comme gifler quelqu’un en lui disant « Je t’aime »: l’inadéquation totale entre le réel et le langage provoque le court-circuit du mécanisme de nos émotions.

Or, les émotions sont l’outil essentiel de nos prises de décisions, et les mots sont leurs véhicules. En célébrant sans cesse les louanges de produits délétères pour nous-mêmes, pour les animaux et pour la planète, en les distillant comme une musique de fond, en utilisant des mots censés exprimer la beauté, l’harmonie et la plénitude pour désigner exactement l’inverse, à savoir la morbidité, la contrainte et la cruauté inhérentes à ces marchandises et à tout le système qui les produit, cette propagande rend nos émotions totalement dysfonctionnelles: on se met à aimer, et donc à défendre bec et ongles, des objets qui nous font du mal, et à dénigrer ce qui pourrait nous en libérer. Toutefois, on ne peut pas blâmer « la société » sans nous remettre nous-mêmes en question.

Car si l’on ne souhaite plus être trompé·e par les illusions et le décorum, cela nécessite d’accepter d’être lucide et d’exercer notre responsabilité individuelle, et ce n’est pas confortable. Le célèbre mythomane et arnaqueur de stars Christophe Rocancourt souligne que « on ne peut pas escroquer quelqu’un de profondément honnête ».

Pour aiguiser notre honnêteté, bien plus que d’arguments intellectuels, nous avons besoin, pour commencer, d’affirmer un positionnement juste. Le véganisme en est un. En effet, qu’est-ce qu’une campagne de publicité pour du jambon ou des produits laitiers, si ce n’est du mensonge légal et sociétal ?

Texte issu de la revue trimestrielle de l'AVF

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