Aller au contenu
Je fais un don Je rejoins la REV
Retour aux actualités

Par Ben Desurmont, référent REV pour le département du Rhône. 


Pleinement mobilisée contre le génocide en cours à Gaza, la REV rappelle son soutien indéfectible envers toutes les victimes de guerres et son engagement pour la paix dans tous les pays du monde. Alors que les bombardements continuent de tuer en Ukraine, et ce depuis deux ans, nous alertons à nouveau sur l’urgence à mettre fin à ce massacre aux multiples conséquences.

Il y a quelques jours, une pluie de missiles et de drones s'est abattue sur Kiev, la capitale ukrainienne, ainsi que sur de nombreuses autres villes du pays. Ces dernières semaines ont été marquées par plusieurs centaines d’attaques de missiles. Une fin d’année 2023 rude qui est à l’image de cette guerre déclenchée par la Russie le 24 février 2022.

Néanmoins, il paraît toujours opportun de rappeler que la Russie occupe des territoires ukrainiens depuis 2014 avec la Crimée et les républiques populaires autoproclamées de Donetsk et Lougansk. À l’heure où ces lignes sont écrites, les Urkrainiens et Ukrainiennes meurent sous les bombes, 250 000 personnes sont privées d'électricité à Kiev et dans sa région et le nombre de morts civils ne cesse de croître. Ce conflit est le plus meurtrier en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Un droit de fuir pour survivre

Depuis le début du conflit, la situation humanitaire sur le territoire ukrainien est désastreuse. La guerre génère aussi son lot d’actes de tortures, de violences sexuelles et d’atrocités en tout genre (1). L’an passé, le belligérant qu’est le gouvernement russe a profité de la période hivernale pour couper l’électricité aux Ukrainien·ne·s, privant ainsi la population de lumière mais aussi de chaleur. Alors que l’hiver s’installe, la stratégie est similaire et de nombreuses personnes qui auparavant restaient sur place fuient aujourd’hui les zones de conflit pour survivre au froid.

Les Ukrainiens et Ukrainiennes ont exilé massivement en Europe. Si ce sont les pays frontaliers à l’ouest qui ont d’abord accueilli ces personnes meurtries par la guerre, comme la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie ou encore la Roumanie, c’est toute l’Europe et même une grande partie de la planète qui a répondu présent pour aider ces réfugiés. Ainsi, en Europe, le nombre de réfugié·e·s ukrainien·ne·s a atteint 8 072 198 personnes, soit près de 18% de la population totale (2). À noter d’ailleurs que la France a accueilli très peu de réfugié·e·s en comparaison avec les autres États européens.

À l’heure où la France s’enfonce dans un accablant projet de “loi immigration” xénophobe réalisé en partenariat par les partis de droite et d’extrême droite, l’aide européenne apportée aux réfugiéé·es ukrainiens·ne·s est des plus salutaires et rappelle que la solidarité ne devrait pas se limiter à des frontières. Ainsi, c’est via une directive européenne de 2001 permettant d’accorder une “protection temporaire” que les réfugié·e·s fuyant la guerre déclenchée par la Russie ont pu être accueilli·e·s. C’est la première fois dans l’histoire de l’Union Européenne que cette directive est appliquée. Elle donne ainsi un statut particulier aux Ukrainiens et Ukrainiennes leur permettant un droit de séjour dans tout l’UE, d’accéder au marché du travail et aux soins ou encore d’être scolarisées (3). Alors que les élections européennes 2024 approchent à grand pas et que de nombreux États européens se déchirent face à l'accueil de réfugié·e·s, l’activation exceptionnelle de cette directive laisse espérer une Europe plus solidaire.

Le fait est que les causes de migrations sont multiples : dérèglement climatique, capitalisme, guerres… S’il est possible de déménager pour fuir de fortes chaleurs ou trouver un travail au sein de notre pays. Ce droit de circuler offert aux Ukrainien·ne·s devrait être dispensé à l’ensemble des habitants et habitantes de cette planète.

Un écocide en cours

Alors que la guerre fait rage, que des dizaines de milliers d’êtres humains tombent dans chaque camp, le reste du vivant subit également cette grave situation. La guerre pollue. Les bombardements russes, les explosions, les risques radioactifs  sont, par définition, des écocides.

Source : https://war.ukraine.ua/fr/photos/

Le risque d’incident nucléaire est préoccupant. Le pays abrite quinze réacteurs nucléaires. Des installations sont susceptibles de subir de nouveaux dégâts. La centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande d’Europe, a par exemple subi des bombardements (4). Il est d’ailleurs très inquiétant de noter qu’en ce début d’année 2024, les expert·e·s de l’Agence Internationale de l'Énergie Atomique (AIEA) n’ont plus accès à l’entièreté du site de Zaporijia. Ce site est occupé par les assaillant·e·s russes depuis mars 2022 (5) et l’accès à plusieurs réacteurs est désormais interdit. Cela s’ajoute à des zones auparavant restreintes comme des turbines ou les toits des réacteurs. Les sites de stockage de combustibles usés présentent eux aussi un risque de pollution s'ils sont touchés par des attaques. Compte tenu du contexte géographique et énergétique du pays, cette guerre pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’ensemble du vivant de la planète, avec des dégâts bien plus intenses que ceux provoqués par les incidents de Fukushima et Tchernobyl. 

Des incendies ont également été provoqués par les combats, dans le parc de réserves de biosphères de la mer noir. Il s’agit d’une des plus grandes zones naturelles protégées d’Ukraine (6). Cette dernière abrite plusieurs espèces en voie de disparition, à l’instar du rat taupe des sables ou d’oiseaux migrateurs. Leur situation spécifique est alarmante, même si chaque être vivant mérite protection et droit de vie.

Ce sont également des pipelines, des réseaux d’assainissements, ou des lieux d'extractions de pétrole qui sont endommagés. Chaque dégât occasionné sur ces infrastructures impacte le vivant. Il est illusoire d’imaginer que seuls les êtres humains sont impactés par la guerre.

Un zoocide sous-estimé 

Parmi les nombreuses espèces d’animaux tuées durant cette guerre, on compte des millions d'animaux d'élevage. Par exemple, comme le rappelle l'association Open Cages Ukrainienne. 4 millions de poulets sont morts dans la plus grande usine de volaille d'Europe à Chornobayivka car les occupants russes ont détruit la centrale électrique locale, provoquant l'arrêt du système d'alimentation automatisé. Les ouvriers ont tenté d'organiser la livraison du fourrage mais face aux tirs des russes, ils ont arrêté pour leur propre sécurité (7). Les animaux d'élevages industriels pâtissent énormément de cette guerre. Vaches tuées par l'effondrement de toits, chevaux brûlés, ferme de cochon bombardée, autruches décimées, poissons de fermes asphyxiés : la guerre n'épargne personne, encore moins ces animaux concentrés dans des espaces exigus.

Source : https://opencages.com.ua/blog/fermy-ukrajiny-pidchas-vijny

Nous pourrions aussi évoquer une autre hécatombe, celle des dauphins sauvages. Cette espèce qui bénéficie d’un capital sympathie conséquent internationalement connaît une hausse conséquente de morts inhabituelles suite au début de la guerre. La fondation turque pour la recherche marine (Tudav) alertait déjà sur ce sujet quelques mois seulement après le début du conflit, face au nombre de cadavres retrouvés sur la côte turque de la mer Noire. Les puissants sonars utilisés par les navires de guerre et les sous-marins russes seraient les principaux responsables de la mort de ces mammifères (8).
Il ne faut pas non plus oublier les animaux liminaires, chats, chiens, qui sont abandonnés par centaines compte tenu de l’intensité des combats.

Il apparaît également que la Russie utilise des dauphins à des fins militaires, notamment pour poser des explosifs. Ces dauphins commandos ne sont utilisés que par quelques pays, parmi eux la Corée du Nord, Israël, les États-Unis et bien évidemment la Russie (9). Il n'est pas anodin de constater que ces États bien souvent condamnés par les instances internationales font partie des plus belliqueux de la planète, poussant leur spécisme et leur militarisme jusqu’à l’utilisation d’animaux pour la destruction. Une pratique bien en décalage avec une éthique planétaire qui se veut de plus en plus sensible à la cause animale et pacifiste. 

Parallèlement, les animaux sont aussi utilisés en soutien des troupes. C’est ainsi que l’on retrouve dans les tranchées ukrainiennes de nombreux chats qui sont là pour soutenir moralement les soldats. Certains sont même décorés et sont devenus des célébrités sur les réseaux sociaux comme les chats Syrskyi ou Shayba. Ce dernier a même reçu une médaille, à l’instar de nombreux animaux qui ont été utilisés durant la Seconde Guerre mondiale (10).   Ces chats sont notamment présentés sur la page Instagram Ukrainian War Cats

Pour les victimes de la guerre en Ukraine, la REV revendique la paix et la solidarité

À la REV, il nous apparaît urgent d’apporter une nouvelle fois notre soutien à l’Ukraine. Non seulement pour les habitant·e·s de ce pays mais aussi pour l'ensemble du vivant qui subit cette guerre initiée par la Russie. L'accueil des réfugié·es ukrainiens·nes est un magnifique exemple de ce que l’Europe peut prodiguer, et cela s’inscrit en parfaite harmonie avec notre souhait de voir disparaître, à terme, les frontières. L’Europe apporte une aide réelle à la défense de l’Ukraine, une aide qu’il faut intensifier, cela malgré les nombreux autres conflits qui peuplent la planète et qui méritent tout autant notre attention. Face au poutinisme, à un État liberticide, autoritaire et coupable de crimes de guerre qu’est la Russie, se poser en soutien de l’Ukraine - et non en fournisseur d’armes - est une nécessité pour la paix.


Enfin et pour terminer cet article, nous avons à cœur de souligner toutes les actions de la société civile dans la défense de leur pays et des valeurs européennes, en prenant en exemple les bénévoles du collectif Lviv Vegan Kitchen qui réalisent des repas végétaliens en Ukraine et qui les distribuent gratuitement à la population, à l’instar de nombreux "food not bombs" sur le globe. 



(1)  https://www.amnesty.fr/pays/ukraine
(2) Le Monde . “Combien de réfugiés sont arrivés en Europe un an après le début de la guerre en Ukraine ?”. Valentin Stocker https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/02/20/guerre-en-ukraine-combien-de-refugies-en-europe-un-an-apres-le-debut-de-la-guerre_6162621_4355770.html
(3) Le Monde “Avec les réfugiés ukrainiens, les Européens retrouvent le sens de l’accueil” Jean-Pierre Strobants https://www.lemonde.fr/international/article/2022/03/04/face-aux-refugies-ukrainiens-les-europeens-retrouvent-le-sens-de-l-accueil_6116067_3210.html
(4) Reporterre. Une grande centrale nucléaire ukrainienne a été attaquée par les Russes https://reporterre.net/Une-grande-centrale-nucleaire-ukrainienne-a-ete-attaquee-par-les-Russes
(5) Journal de Montréal “Centrale nucléaire de Zaporijia: l’AIEA empêchée d’accéder aux salles de plusieurs réacteurs” https://www.journaldemontreal.com/2024/01/03/centrale-nucleaire-de-zaporijjia-laiea-empechee-dacceder-aux-salles-de-plusieurs-reacteurs
(6) Reporterre “Ukraine: “la dévastation de l’environnement est une bombe à retardement” Gaspard d’Allens https://reporterre.net/Guerre-en-Ukraine-La-devastation-de-l-environnement-est-une-bombe-a-retardement
(7) Opencages.com.ua: La situation des élevages en Ukraine pendant la guerre : un rapport de militants des droits des animaux de l'ONG "Open Cages Ukraine” https://opencages.com.ua/blog/fermy-ukrajiny-pidchas-vijny
(8) Sciences et avenir “Guerre en Ukraine: le scientifique qui mesure l’hécatombe de dauphins en mer noir” https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/animaux-marins/guerre-en-ukraine-le-scientifique-qui-mesure-l-hecatombe-des-dauphins-en-mer-noire_165948
(9) Sud Ouest “Guerre en Ukraine: les “dauphins commandos” pratique ancienne prisée de Moscou et Washington https://www.sudouest.fr/societe/animaux/guerre-en-ukraine-les-dauphins-commandos-pratique-ancienne-prisee-de-moscou-et-washington-10814477.php
(10) 20 minutes “Guerre en Ukraine: Pourquoi des chats sont-ils envoyés auy front pour aier les soldats ?” https://www.20minutes.fr/monde/ukraine/4065486-20231205-guerre-ukraine-pourquoi-chats-envoyes-front-aider-soldats



Vos commentaires

Ben

Pour répondre au commentaire d'Aclinos, il est bien précisé dans l'article que la guerre n'a pas commencé en 2022, mais en 2014. C'est dans le troisième paragraphe:

"Néanmoins, il paraît toujours opportun de rappeler que la Russie occupe des territoires ukrainiens depuis 2014 avec la Crimée et les républiques populaires autoproclamées de Donetsk et Lougansk."

Merci pour le retour et la lecture en tout cas, c'est toujours bienvenu. Ben

Aclinos

Les dauphins ne sont pas une espèce, les dauphins sauvages non plus. Les dauphins sont plusieurs espèces.

Aclinos

Merci de ces informations sur les animaux non humains.

Ce serait bien d’arrêter cette intox, répandue ; non, la guerre entre la Russie et l’Ukraine n’a pas commencé en 2022, elle a commencé en 2014 ou avant.

Aclinos

Laisser un commentaire

Enregistrer mes informations dans le navigateur pour les prochains commentaires