Journée Mondiale pour la fin de la Pêche : pourquoi il faut en finir avec cette pratique
Le 30/03/24
Par Olympe Bardon, coréférente REV Occitanie
Les origines de cette journée
Aujourd’hui 30 mars 2024, c’est la Journée mondiale pour la fin de la pêche. Nous devons cet événement symbolique à l’association Pour l’Egalité Animale (PEA). L’association fondée en 2014 a pour objectif l’abolition de toute forme d’exploitations animales et la fin du spécisme. Elle compte actuellement plus de 1300 membres. Depuis, le mouvement s’est développé à l’internationale dont en France. On peut prendre pour exemple l’association Alliance éthique, représentante de L214, qui organise depuis plusieurs années maintenant, à Montpellier, des événements militants lors de cette journée si essentielle. Alliance éthique est une association créée en 2016, qui, dès l’année suivante, à mis en place la Journée Mondiale pour la Fin de la Pêche (JMFP).
Pourquoi cette journée est-elle si importante ?
Les poissons, animaux sentients, sont les grands oubliés de la cause animale
De manière générale, nous avons plus de mal à ressentir de l’empathie et de la compassion envers ces derniers car ils ne nous ressemblent pas et n’évoluent pas dans le même environnement. Pourtant, toutes les études scientifiques sur le sujet s’accordent à dire que les poissons sont des êtres sentients (tout comme les êtres humains et les animaux terrestres). Les poissons sont également doués d’intelligence et ont des rapports sociaux complexes avec leurs congénères (mémoire des événements, apprentissage social, reconnaissance individuelle et liens sociaux etc…)
Malgré tout, en termes de nombre, ce sont les plus grandes victimes de spécisme de notre société. Plus de 1600 milliards de poissons sont tués chaque année dans le monde. Ces animaux non humains sont pêchés et élevés dans des conditions abominables. Dans les élevages, les poissons sont entassés (comme dans les élevages terrestres), ce qui provoque de l’agressivité entre eux et beaucoup de stress. L’eau est de plus polluée par leurs excréments ce qui provoque une vulnérabilité accrue aux maladies. La pêche en elle-même est aussi une immense source de souffrances pour les poissons. Les poissons peuvent agoniser entre 25 minutes et 4 heures dans les filets des pêcheurs et pêcheuses.
La pêche : un fléau éthique et écologique
Comme si cela ne suffisait pas, beaucoup d’espèces non commercialisées se prennent dans les filets des bateaux et sont ensuite rejetées à la mer, dans un état proche de la mort et n’ont pratiquement aucune chance de survivre après le traumatisme subi. Parmi elles, on peut prendre comme exemple les dauphins, qui, victimes du nombre très important de pêcheurs et pêcheuses, sont tués en masse chaque année en France. On estime les prises accidentelles dans les filets à 10000 dauphins par an sur la côte atlantique française, ce qui met bien évidemment en danger la survie même de cette espèce. L’impact des filets de pêche sur la biodiversité est catastrophique. Les prises rejetées à la mer, même s’il est difficile d’en estimer précisément les dégâts, s'élèveraient à environ 9,1 millions de tonnes d’après les chiffres de la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture). La pêche à la crevette est à elle seule responsable de 27 pour cent des prises accessoires dans leur globalité.
À tout cela, s'ajoutent les terribles méfaits de la pêche fantôme : la prise d’animaux marins par du matériel de pêche abandonnés ou perdus en mer comme des filets, pièges et nasses. Les filets de pêche peuvent s’étendre et former un mur sous-marin atteignant de 600 à 10.000 mètres de profondeur et ainsi, continuer à tuer durant des semaines, des mois voire des années.
Le chalutage de fond, qui est une des principales techniques de surpêche, constitue également un danger majeur pour l’avenir des habitants des océans. Cette technique se définit par l’emploi de poids afin de lester les filets, pour les maintenir à proximité des fonds marins, et ainsi mieux les racler pour prendre le plus de poissons possibles. Cela nuit à la biodiversité marine de façon dramatique car en raclant les fonds marins, ses filets détruisent des habitats indispensables au renouvellement de la faune et de la flore marine.
La pêche artisanale est tout aussi problématique que la pêche industrielle
Après ce triste constat, on pourrait croire qu’il suffit de s’attaquer à la pêche industrielle pour régler le problème mais il n’en est rien. La pêche dite artisanale est certes moins destructrice mais tout aussi problématique notamment à cause du fait que le secteur tend de plus en plus à se moderniser et accroît donc forcément ses capacités de capture. Des pratiques comme celle de la pêche au cyanure - qui repose sur la capture d’animaux étourdis par poison - est inqualifiable. La pêche à l’explosif, quant à elle, bien qu’illégale depuis 1891 en France, continue d’être largement pratiquée (il s’agit d’envoyer des explosifs dans une zone de mer, qui, en explosant, génèrent une onde de choc meurtrière pour les poissons qui se trouvent à proximité).
Le réempoissonnement : une fausse bonne idée
Pratique très mal connue du grand public, le réempoissonnement consiste à relâcher des poissons d’élevage dans nos lacs, étangs et rivières pour repeupler les populations déjà présentes à destination de la pêche de loisirs. Le chiffre ahurissant de 40 milliards est le nombre estimé de poissons relâchés chaque année en Europe uniquement pour la pêche, un choix politique qui défend l’idée selon laquelle les poissons ne sont rien d’autres que des objets de divertissement, destinés aux êtres humains, et non pas des êtres sensibles qui méritent de vivre une existence paisible sur notre planète. Bien entendu, certaines espèces sont largement privilégiées, comme les truites, les saumons et les brochets afin de satisfaire au mieux aux attentes des amateur•ices de pêche. Il est pourtant plus que jamais urgent de prendre conscience que le réempoissonnement, en plus d’être évidemment meurtrier pour les poissons, représente également une véritable catastrophe écologique.
En effet, les poissons relâchés étant issus d’élevages, leur patrimoine génétique est affaibli, et quand ils se reproduisent avec des poissons sauvages, ils entraînent un déclin de la biodiversité. Les poissons d’élevage sont également élevés dans des conditions de promiscuité intense et cela favorise la propagation de maladies, malgré le fait que les éleveurs et éleveuses tentent de pallier cela à l’aide d’antibiotiques, ce qui provoque encore un autre problème, celui de l'antibiorésistance. L’association PAZ (Paris Animaux Zoopolis) s’est emparée de cette question et a mis en place une pétition, que vous pouvez retrouver ici.
Et les droits humains dans tout ça ?
Les dégâts de la pêche ne sont pas seulement éthiques ou écologiques. Ils concernent également les droits humains. La Chine possède une énorme flotte d’au moins 2700 navires, chiffre supposé très en deçà de la réalité. Les droits sociaux et fondamentaux humains à bord de ces bateaux ne sont que peu ou pas du tout respectés, ce qui entraîne des situations d’extrême exploitation humaine. Les marins et marinettes esclaves sont très souvent originaires des mêmes pays, comme l’Indonésie, la Chine et la Corée du Nord. Ils et elles vivent dans des régions largement décimées par le chômage et la famine. Situation dramatique qui les poussent à s'engager dans ces navires, durant plusieurs mois, sans escales possibles afin d’espérer pouvoir nourrir leurs familles.
Les conditions de travail sur un bateau de pêche sont d’ordinaire difficiles (la profession a un des taux de mortalité les plus élevés au monde), mais sur ces bateaux la dignité humaine est tout simplement inexistante. D’après l’ONG britannique Environnement Justice Foundation, qui a pu interroger plus d’une centaine de marins et marinettes, plusieurs facteurs résultant de l’esclavage moderne ont été relevé : la servitude pour dettes, les violences physiques et la confiscation des papiers d’identité. Les agences de recrutement mentent éhontément aux travailleurs et travailleuses en leur promettant des salaires très élevés (450 dollars par mois - énorme pour ces personnes) qu’ils et elles obtiendront à la fin de la traversée, ce qui est illégal.
Manger du poisson n’est pas une nécessité
Tout ce système paraît encore davantage absurde quand on se rend compte qu’il n’est aucunement nécessaire de manger du poisson pour être en bonne santé. Aujourd’hui, consommer du poisson devient même de plus en plus dangereux, car ces animaux marins ingèrent une partie du plastique que nous rejetons dans les océans ainsi que les produits chimiques. Il est très facile de remplacer le poisson et d’avoir une alimentation équilibrée. Les meilleures sources véganes d’oméga 3 sont notamment les huiles de lin, de noix et de colza, les graines de lin moulues et le soja. Les algues sont également une bonne manière de les remplacer dans les recettes de cuisine pour des tartares par exemple.
La REV défend la fin de la pêche
Pour des questions autant éthiques qu’écologiques, autant pour les animaux non humains que pour les humains, il est essentiel de prendre conscience des enjeux et de prendre les mesures nécessaires à l’instauration d’une société plus juste et plus respectueuse du vivant.
C’est pour cette raison que la REV prévoit la fin de la chasse et de la pêche au sein de son programme. Car seul l’antispécisme et l’écologie radicale nous permettent d’espérer un avenir plus serein : un monde où l’humanité serait réconciliée avec les autres espèces vivantes et sentientes. La Journée mondiale pour la fin de la pêche est l’occasion de réaffirmer cette position.
Sources :
https://www.viande.info/la-peche
https://www.l214.com/animaux/poissons/la-vie-des-poissons/
https://www.l214.com/animaux/poissons/intelligence-et-vie-sociale/
https://www.facebook.com/reel/604822724452672
https://www.notre-planete.info/actualites/478-France-echouage-dauphins-peche-chalut
https://wwf.panda.org/?uNewsID=5563&uLangID=3
Vos commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire pour cet article
Partager
Copier le lien Partager sur Facebook Partager sur Twitter