Les parcs animaliers ne font pas de conservation d’espèces, ils font du chiffre !
Le 21/08/24
Par Diane Benslimane co-référente Pays de la Loire
Au fil des années, les scandales se succèdent dans l’industrie zoologique, comme en témoigne, à nouveau, un rapport de la fondation britannique Aspinall publié le 17 mai 2024. Selon plusieurs médias, ce dernier dévoile des irrégularités scandaleuses dans la détention d’animaux dans une trentaine de zoos membres de l'Association Européenne des Zoos et Aquariums (AEZA). Pourtant, celle-ci se vante éhontément de garantir le bien-être de ses pensionnaires. Combien de scandales, de cas de maltraitance, d’études scientifiques, faudra-t-il encore déplorer avant que l’on cesse de nier l’évidence : les zoos sont une absurdité écologique et éthique. La REV exige l’abolition de cette exploitation animale, qui trompe le public dans le seul but de générer des revenus annuels pouvant atteindre les 7 voire 8 chiffres et stimuler le tourisme.
Alors que les principales causes d'extinction sont le changement climatique, la destruction des habitats, la chasse et le braconnage, le combat pour la préservation de la faune sauvage doit se mener au niveau des politiques publiques et non dans des prisons pour animaux!
L’illusion de la conservation
Les zoos brandissent l’argument de la conservation pour justifier leur existence, alors que la majorité des espèces en captivité ne sont pas menacées d’extinction. En France, cette majorité représente au moins les deux tiers des animaux en captivité. En outre, de nos jours, les pensionnaires naissent principalement en captivité, et chaque moment de leur existence est contrôlé par l’humain, sans programme de réapprentissage des réflexes de la vie sauvage. Pire encore, une étude de l’Université Nationale d’Australie publiée en 2022 fait le constat général que, privés des mêmes besoins et stimuli de leurs congénères en liberté, leur phénotype se modifie, entraînant l’incompatibilité de leurs attributs physiques et comportementaux avec la vie sauvage. En définitive, incapables de se défendre, chasser, explorer, interagir et se reproduire dans un environnement étranger, leur remise en liberté se solderait par une mise à mort
Des centres de détention et de souffrance
En utilisant l'étude des pathologies animales pour se légitimer, les zoos tombent dans une hypocrisie absurde. Capturés à l'état sauvage ou arrachés à leur mère à un âge précoce, même en captivité, les animaux subissent des expériences stressantes et traumatisantes dès le début de leur existence. Ils sont ensuite transportés et placés dans des enclos ou bassins artificiels, surexposés, étroits, inadaptés, voire insalubres, parfois malnutris ou sans accès à l'extérieur. Il n’est pas rare non plus que les zoos mutilent les animaux pour éviter leur évasion, par exemple en raccourcissant les ailes des oiseaux. Lorsque la cohabitation forcée échoue, les détenus sont isolés au détriment de leur nature sociale. A cela s’ajoutent les numéros ridicules que certains parcs obligent leurs pensionnaires à réaliser au moyen de méthodes de dressage coercitives voire violentes.
Le calvaire qu’est la vie en captivité constitue un terrain propice aux maladies infectieuses ou bactériennes, aux dommages cérébraux et aux troubles comportementaux chez les détenus. Ainsi, en réponse à l’ennui et la frustration qui rythment leur vie, beaucoup s’automutilent et développent des stéréotypies (comportements répétitifs sans but apparent comme le balancement ou les allers-retours incessants), signes de leur profonde détresse émotionnelle. L’orque Kisha, devenue le symbole de l’enfer des parc marins, en était affublée. Violentée par un autre orque, Kisha a passé 12 ans seule dans un bassin qu’elle rongeait au point d’en perdre ses dents et a vu ses cinq petits mourir avant de succomber à une infection bactérienne.
Cet état dépressif ne fait pas bonne publicité ! La réponse de certains zoos est donc pour le moins surprenante : administrer des antidépresseurs aux animaux, comme ce fut le cas de l’ours polaire Gus, mascotte du zoo de Central Park à New York. En France, les zoos brillent par leur manque de transparence sur le sujet.
Des animaux exploitables et jetables à souhait
Les programmes d’élevage entraînent un surplus d’animaux qui ne sont pas ou, en raison de leur âge notamment, plus désirés par les zoos, lesquels les échangent, prêtent, vendent, entreposent ou les euthanasient. Entre 3000 et 5000 animaux par an sont euthanasiés en Europe, rien qu’au sein des membres de l'AEZA. Parmi les victimes figurent de nombreux bébés qui naissent pour divertir les visiteurs, puis sont endormis lorsqu'ils ne sont plus utiles.
Des exemples choquants incluent des carcasses retrouvées derrière les poubelles d’un zoo britannique ou encore le girafon Marius tué par le zoo de Copenhague en raison d’une génétique “peu originale”, puis disséqué publiquement et donné en pâture aux lions, suivi de l’euthanasie de quatre de ces lions, dont deux lionceaux en parfaite santé. En 2018, le zoo suédois Borås Djurpark déclare avoir mis à mort neuf lionceaux au cours des six dernières années, pour des raisons financières.
La dauphine Femke, capturée en Floride, a passé près de 40 ans en captivité, d'abord aux Pays-Bas puis en France où elle était contrainte de réaliser des spectacles. Retenue au parc Astérix, l'envoi de son fils dans un parc en Grèce l’a profondément meurtri. À la fermeture du delphinarium, Femke a été euthanasiée, jugée inapte à être transférée à Planète Sauvage, l'un des deux derniers delphinariums de France. Malgré son âge avancé, une retraite paisible dans un sanctuaire marin n’a jamais été une option pour cette esclave du commerce du divertissement. Ses compagnons de bassin, quant à eux, ont été répartis entre la Suède et l’Espagne, où aucune loi n’interdit les spectacles de cétacés.
Les victimes du commerce illégal
Certains parcs animaliers, peu scrupuleux, achètent ou revendent les animaux exotiques sur le marché noir. Dans d'autres cas, les trafiquants se fournissent directement dans les zoos révélant l'incapacité de ces derniers à protéger leurs pensionnaires: en 2017, le rhinocéros Vince du zoo de Thoiry a été abattu pour sa corne ; en janvier 2024, quatorze singes-écureuils sont volés au zoo de La Londe-les-Maures (Var), rappelant des incidents similaires au zoo de Beauval en 2015 et de Lyon en 2011; en 2020, un singe tamarin disparaît du zoo de Mervent en Vendée; en 2021, deux tamarins et dix lémuriens sont subtilisés au zoo de Mervent d'Upie, dans la Drôme; en juin 2023, c’est quatre tortues grecques et un oiseau australien qui disparaissent du zoo de Lille. Toutes sortes de bébés (singes, éléphants, tigres blancs, kangourous) sont également très prisés de par leur forte exposition sur les réseaux sociaux.
Une fois entre les mains des trafiquants, les animaux sont rapidement mis en vente en ligne où les annonces prolifèrent. Ceux qui ne sont pas retrouvés par la police survivent rarement et les plus chanceux finissent comme animaux de compagnie ou en médecine traditionnelle chinoise.
Qui n'a jamais éprouvé de malaise à la vue d’un animal enfermé au zoo ? La REV réclame la fin de ce commerce de la honte, l’installation des derniers captifs dans des sanctuaires aménagés selon leurs besoins, à l’abri des foules, et l’interdiction de leur transfert à l’étranger pour y être à nouveau exploités. Rappelons à nos enfants, et rappelons-nous, que la beauté de la faune sauvage réside aussi dans son caractère mystérieux et insaisissable.
Sources:
https://www.code-animal.com/stereotypies-animaux-zoo/
Zoo de Lyon : stop à la captivité des animaux sauvages - PAZ
Les animaux des zoos : condamnés à une vie derrière les barreaux
Le zoo fait naître trop de lionceaux, il en euthanasie - Edition du soir Ouest-France - 15/01/2018
Animaux retirés de leur mère: les zoos n'ont pas tous les mêmes pratiques
https://www.bornfree.org.uk/news/zoos-a-matter-of-public-trust/
Widespread Breaches in European Zoos Highlighted by British Wildlife Group – One Green Planet
La souffrance des animaux en captivité enfin reconnue
Les zoos, victimes de vols pour le marché noir
Zoos européens: plus de 3000 violations du bien-être animal ont été recensées
The phenotypic costs of captivity - Crates - 2023 - Biological Reviews - Wiley Online Library
Le stress chronique rend les orques captives malades et réduit leur espérance de vie.
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