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Par Jean-Loup Diaz, membre de la REV.


Respecter la nature

S'il est une question qui ne peut être traitée que de manière transversale, c'est bien le tourisme. Celui-ci relève à la fois de l'économie, des transports et infrastructures et il est lié à la formation et à l'environnement. En matière de tourisme, la question environnementale doit être vue sous deux angles : la qualité de l'environnement des pays d'accueil et le respect des écosystèmes de la part des voyageurs. 

Une étude réalisée à la fin des années 1990 sur les attentes des touristes avait montré que les facteurs qui déterminent le choix d'une région ont trait essentiellement à l'environnement. Étaient en effet citées en priorité la qualité des eaux de baignades et la beauté des paysages. Une première remarque s'impose : il serait aberrant d'implanter des infrastructures touristiques  qui défigureraient de beaux paysages non protégés par la loi. Ceux-ci constituent un capital que nous devons à tout prix préserver.

Le catalogue des mesures qu'il faut prendre pour améliorer l'environnement est vaste. En ce qui concerne les zones urbaines, citons l'aménagement des entrées de villes souvent enlaidies par des panneaux publicitaires et des zones commerciales peu esthétiques, l'entretien des jardins publics, la réhabilitation des bâtiments dégradés, la mise en valeur du patrimoine architectural, la qualité des eaux de baignade qui nécessite une démarche globale de longue haleine car la pollution de ces eaux dépend de nombreux facteurs : les pratiques agricoles, les rejets divers, l'insuffisance des moyens de dépollution...

Dans les espaces ruraux, l'inventaire des actions à conduire est lui aussi considérable. Cela nécessite la dépollution des rivières, l'entretien des forêts, la préservation des haies, l'entretien des sentiers de randonnées, la création de véloroutes qui sont de petites routes réservées aux cyclistes comme on en voit aux Pays-Bas et en Belgique, la rénovation de l'habitat rural, la reconquête du bocage, des milieux humides tels que les mares et les étangs...

Les voyageurs ont par ailleurs la faculté d'agir en respectant les principes de l'écologie. Il suffit pour cela de bien choisir les destinations, les modes de transport, les moyens d'hébergement, les prestataires qui respectent l'environnement et les intérêts des populations locales. Par exemple, ils éviteront de choisir un hôtel situé en Afrique appartenant à un grand groupe, où l'on arrose régulièrement les pelouses alors que les habitants manquent d'eau potable. 

Par ailleurs, si les voyages  permettent de faire la découverte d'autres paysages, d'autres civilisations contribuant ainsi à l'enrichissement culturel de ceux qui en profitent et par là même à leur émancipation, on ne peut admettre que cela se fasse au détriment des populations locales. 

Le tourisme exige une éthique qui demande le respect des autochtones, de leur environnement et de leur dignité. Depuis quelques décennies, l'idée d'un tourisme soutenable basé sur l'authenticité, le respect des autochtones et de l'environnement, l'intégration dans la vie locale, fait son chemin. C'est un modèle à suivre.

Des vacances pour tous ?

En 1936, une loi  devait changer la condition ouvrière : elle accordait aux travailleurs deux semaines de congés payés. Les voyages étaient désormais ouverts à tous. Du moins en théorie. Il fallut cependant attendre le début des années 1960 pour connaître le phénomène du tourisme de masse qui voyait les gens s'agglutiner par milliers dans les mêmes lieux, en particulier au bord de la mer et davantage encore sur les plages ensoleillées. Mais l'essor touristique n'a pu échapper aux inégalités sociales. 

Ce tourisme de masse s'est placé dans la logique de la société de consommation. Aller loin, le plus vite possible, visiter les lieux intéressants ─ ceux qui sont signalés dans les guides spécialisés ─ de manière superficielle, tel est le credo de cette forme de tourisme encore pratiqué aujourd'hui, en particulier dans les destinations exotiques.

Personne ne peut nier les effets bénéfiques des voyages : ils contribuent à la formation des individus, ils apportent dépaysement et émotions, ils enrichissent la culture... La fracture sociale qui se manifeste dès l'école et plus tard dans les écarts de salaire et les modes de vie apparaît évidemment dans le domaine des vacances et du tourisme.

Aujourd'hui encore l'activité touristique reste fermée aux moins aisés. De nombreuses personnes ne partent pas en vacances à cause du chômage et des salaires insuffisants.

Pourquoi depuis 1936 et les lois qui avaient pour but d'encourager les voyages, n'a-t-on pas réussi à réduire les inégalités devant la question des vacances ?

− Parce que les gouvernements successifs ont laissé se développer un tourisme commercial qui n'a qu'un objectif : vendre à une clientèle solvable un produit sans se soucier de l'épanouissement personnel, des valeurs sociales, culturelles et citoyennes qui sont celles d'un tourisme authentique.

Voyager, ce n'est pas nécessairement faire de longs périples, aller vers des destinations lointaines qui apportent le dépaysement, c'est avant tout changer d'horizon pour découvrir d'autres paysages, d'autres cultures, c'est parcourir les petits sentiers à l'écart des villages, ceux que l'on connaît bien et où l'on rencontre toujours quelque chose de nouveau ou ceux que l'on découvre, c'est goûter le silence des bois, le calme des berges, suivre le cours lent du fleuve apaisé quand il se rapproche de la mer, c'est le plaisir de lire dans le silence de la montagne, c'est se sentir libre.

Albert Camus écrivait dans ses Carnets : « Il faut avoir l'amour de l'inconnu pour réaliser ses rêves de voyage lorsqu'on est pauvre et sans argent. »  Ce ne sont pas les voyages les plus coûteux qui ont le plus d'intérêt. J'aurais plutôt tendance à penser le contraire. De nombreux jeunes le prouvent régulièrement. Avec un petit budget, beaucoup d'inventivité et d'audace, un sac à dos et de bonnes chaussures, ils partent à l'aventure parce que comme le dit Camus – ils aiment l'inconnu... et le hasard qui offre parfois de belles rencontres.


Tout le monde s'accorde à dire que le principal intérêt des vacances est de changer d'horizon afin de rompre la monotonie de la vie quotidienne. On constate avec tristesse que la majorité de ceux qui en auraient le plus besoin ne peuvent s'offrir ce plaisir. Pour cela il faudrait que l'état ait une autre politique : des métiers pour tous et des salaires permettant de vivre comme il faut. 

Il y a en France des établissements, des clubs, des villages de vacances, dont les prix sont corrects. Pour cela il faut que l'État, les régions et les départements aident les associations qui travaillent pour le tourisme social.

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