
Sortir de l’élevage : une solution souhaitable, y compris pour les éleveurs et éleveuses
Le 13/12/23
Par Astrid Prévost, co-référente REV Grand-Est.
La nécessité de sortir d’un modèle alimentaire dans lequel on exploite les animaux est une évidence lorsque l’on adopte une alimentation végétale. Elle l’est beaucoup moins lorsque notre source de revenus en dépend, ou que tout notre cercle familial et social fait partie du milieu de l’élevage.
Pourtant, de plus en plus de personnes se sentent mal à l’aise avec cette activité et, en la vivant de l’intérieur, comprennent à quel point elle ne repose que sur l’objectification d’êtres sensibles, aussi petit et “idyllique” le cadre soit-il.
Chez nos voisins suisses, plus de 140 éleveurs et éleveuses ont déjà franchi le pas de la reconversion, grâce à l'accompagnement de deux sanctuaires: Hof Narr en Suisse allemande, depuis 2018, et Co&xister en Suisse romande (francophone) depuis 2021.
Comment se passent ces accompagnements?
Sarah Heiligtag de Hof Narr et Virginia Markus de Co&xister expliquent toutes les deux qu’elles ne proposent pas de modèle unique de reconversion : chaque projet est taillé “sur mesure” en fonction de l'individu et de ses aspirations. Et avant même le projet, il est nécessaire de travailler sur les peurs des personnes, et de les aider à les dépasser : changer, c’est se jeter dans l’inconnu, et c’est effrayant. Certaines redoutent les conséquences financières, d’autres craignent d’être rejetées par leur famille, ou d’être vues comme “faibles”.
Pour ranger ces angoisses au placard et oser ce saut dans le vide, les éleveurs et éleveuses en transition ont besoin de se rappeler de leurs rêves d’enfants, de leurs idéaux : c’est à cet endroit qu’ils trouvent leur vocation.
L'accompagnement à la reconversion consiste aussi en des actions très concrètes : regarder l’état des finances et réfléchir à la façon de régler les dettes s’il y en a, assister dans la gestion administrative, trouver des solutions pour les animaux restant sur l’exploitation. Enfin, lorsque le projet se met en place, Hof Narr et Co&xister lui permettent de s’ancrer grâce à un important travail de mises en lien avec des fournisseurs, des circuits de distribution, des aides à la communication ou tout autre élément nécessaire au projet.
Toutefois, chaque étape repose entièrement sur l’éleveur en transition. L’accompagnement met le projet en mouvement, mais Sarah et Virginia ne font jamais les choses à la place de la personne. De cette façon, la reconversion donne pleinement aux anciens éleveurs le pouvoir sur leur vie : dans le changement, ils trouvent leur libération.
Les éleveurs et éleveuses français·es ont désormais une solution pour sortir de l’élevage Transiterra est une toute jeune association du développement durable qui s’est donnée pour objectif d’accompagner cette transition en l’adaptant au paysage français, bien plus intensif qu’en Suisse (80% des animaux français subissent l’élevage intensif). Pour cela, elle a développé un accompagnement qui se veut d’abord économique. Ensemble, les associations Transiterra et Co&xister ont lancé le collectif Terres en transition, afin de proposer un accompagnement complet et multi-dimensionnel aux éleveurs et aux éleveuses en recherche de changement. |
La famille Kathriner, la première à avoir franchi le cap de la reconversion en Suisse allemande. Lorsqu’il a eu des enfants, le couple a réalisé ce qu’ils faisaient subir aux vaches en les forçant à avoir des petits pour faire du lait, puis en les séparant de leurs veaux.
L’exploitation laitière est désormais devenue un sanctuaire.
Source : site web de Hof Lebensparadies
Sarah Heiligtag, fondatrice du sanctuaire Hof Narr, et initiatrice du mouvement de la reconversion des éleveurs et éleveuses en Suisse.
Source : Google (Unbound project)
Thomas et Fabienne Meier avaient un “petit” élevage bio de 2000 poules pondeuses. Ils ne supportaient plus de les envoyer à l’abattoir tous les 18 mois pour renouveler le cheptel, et se rendaient compte que forcer 2000 individus à cohabiter ensemble n’est pas vivable.
Ils ont désormais une activité agricole d’arbres fruitiers et ont gardé certains animaux, dont quelques dizaines de poules (auxquelles ils ne prennent plus les œufs) car ensemble, ils sont les meilleurs ambassadeurs de la reconversion.
Source : site web transfarmation.org
Selina et Adrian sont passés de l’exploitation animale à la culture des légumineuses.
Ils ont gardé leurs vaches qui coulent désormais des jours heureux sans aucune exploitation sur leur terrain.
Source : site web de Hof Narr
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