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Par Jean-Loup Diaz, membre de la REV. 


Regard sur le chômage

Depuis cinq décennies, un fait pernicieux ronge notre pays, il s'agit du chômage. Que disent les statistiques au premier trimestre 2024, en France métropolitaine ? Le nombre d' inscrits à France Travail et tenus de rechercher un emploi (catégories A, B, C) s'établit à 5 124 300. Parmi eux, 2 819 800  femmes et hommes sont sans emploi dans la catégorie A et 2 304 400 exercent une activité réduite dans les catégories B, C.

Il existe pourtant un paragraphe  de la  Déclaration universelle des droits de l'homme (art. 23 - 1948) qui indique que " toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage ». Il y a longtemps que les gouvernements ont oublié ce paragraphe.

Les chiffres du chômage sont élevés. Il faut penser à toutes celles et ceux qui se trouvent sans travail. Le chômeur se sent déprécié, il ressent une part de responsabilité dans ce qu'il lui arrive alors qu'en réalité il est une victime. Le coupable, c'est la politique du gouvernement, c'est aussi l'entreprise qui a décidé de se séparer d'employés trop âgés qui auront beaucoup de mal  à retrouver un travail. La recherche d'un emploi est un long fleuve rempli d'obstacles qui épuisent celui qui cherche à retravailler et qui finit parfois à désespérer.

Pour chercher des solutions au chômage mieux vaut ne pas trop écouter les économistes : la plupart d'entre eux ne prennent pas en compte les paramètres qui interviennent dans ce problème et proposent des pistes qui aggraveraient la situation sociale ( par exemple : plus de flexibilité, diminution des salaires...) et environnementale (produire plus, consommer plus...). La crise du chômage  doit être regardée à plusieurs niveaux.

Il y a d'abord les causes internationales : l'économie mondialisée vise d'abord le profit, la satisfaction des actionnaires. Tout ce qui concourt à augmenter les bénéfices est pratiqué : délocalisations, suppression des emplois, mécanisation poussée à l'extrême (dans ce domaine l'agriculture industrielle a atteint un niveau de cynisme grave). 

Au niveau national, on peut citer, entre autres, les insuffisances du système scolaire qui ne permet pas à chaque jeune d'obtenir les diplômes qui faciliteraient son insertion professionnelle, les carences de l'orientation, les discriminations visant les femmes, les jeunes à la recherche d'un premier emploi , les gens à la peau noire et les adultes de 50 ans et plus...

Au niveau local : Dans un pays où l'aménagement du territoire a produit de profonds déséquilibres, certaines régions ne sont plus en mesure d'offrir du travail à leurs habitants. Si la mobilité est positive quand elle est désirée, il est regrettable de voir de nombreux jeunes quitter leur région parce qu'ils y sont contraints. Les régions concernées souffrent aussi de cet exode. 

Combattre le chômage impose de prendre en compte de multiples paramètres, dans un esprit de moralisation de l'économie. 

Une autre vision du travail

La nature du travail a changé dès le début de l'ère industrielle. Autrefois, même quand la tâche était dure,  le paysan avait un sentiment de liberté. Quand  il avait accompli sa tâche, il avait la satisfaction de voir le résultat  de son travail.

La société moderne a modifié les règles. L'employé est devenu un producteur - consommateur qui ne maîtrise rien (ni sa façon de travailler, ni le projet sur lequel il travaille).

Le travail a perdu son sens, chacun fait une parcelle de sa tâche en ignorant souvent ce que font les autres.

Certains voudraient faire croire qu'au 21e siècle le travail,‭ ‬ grâce aux‭  ‬avancées techniques,‭ ‬a libéré l'homme. Il n'en est rien :‭ les horaires de travail, les cadences stressantes ‭ ont créé de nouveaux rythmes de vie,‭ de nouveaux rapports humains qui apportent fatigue et frustration.‭ 

Une véritable politique de l'emploi, donnant du travail à tous, est un préalable incontournable. La seule solution possible pour atteindre cet objectif est de partager le travail.

Cette mesure permettra de diminuer le temps de travail de chacun dans la semaine et dans la vie, en diminuant l'âge de la retraite. C'est aussi une marque de solidarité.

S'épanouir dans le travail n'est possible que si l'on exerce un métier qu'on aime. Cela suppose une amélioration de l'orientation scolaire qui doit proposer aux jeunes une voie  convenant à leurs goûts et à leur capacité.

Le salaire a aussi son importance. Il doit  permettre à tous de vivre dans des conditions convenables.

Aujourd'hui l'écart des salaires est beaucoup trop grand. Il atteint parfois des sommes indécentes. Il est aussi injuste. C'est ainsi que beaucoup de femmes sont moins bien payées que les hommes. Sauf exceptions rares, dans les métiers manuels on gagne beaucoup moins que dans les métiers intellectuels. Celui qui a fait de longues  études et occupe  un poste   à haute responsabilité doit-il être payé dix fois plus que le mécanicien qui répare votre voiture ? Cela ne se justifie pas.       

Non seulement‭ ‬il faut changer la manière de travailler et revoir la grille des salaires mais‭ ‬il faut aussi remettre le travail à sa vraie place :‭ ‬un moyen de contribuer à la vie sociale en exerçant une activité utile,‭ ‬et non une fin en soi.‭ 

C'est l'un des enjeux des trente prochaines années. Pour cela il faut développer  une économie soutenable et solidaire qui ne sera pas basée sur la rentabilité mais sur l'utilité du travail,  sur le respect des travailleurs et sur l'autogestion dans les entreprises.

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