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Par Jean-Loup Diaz, membre de la REV.


Nous avons vu dans la première partie de cet article les dégâts causés par la croissance.

Ceux-ci montrent un manque de responsabilité de la part de ceux qui gouvernent et de ceux qui profitent du système capitaliste pour s'enrichir en détruisant la nature à tel point que si rien ne change notre Terre deviendra un jour inhabitable.

Et ce système est injuste. Dans le monde d'aujourd'hui, il y a les riches et les autres dont certains meurent de faim ou sont obligés de quitter leur pays pour tenter de vivre un peu mieux. 

Cette injustice doit cesser.

II. Pour une politique responsable et équitable

L'idée de décroissance n'est pas nouvelle.

Un homme a contribué fortement au développement de ce concept : il s' agit d'Henry-David Thoreau (1817- 1862). D'abord enseignant, puis essayiste, philosophe et poète, Thoreau a été un des premiers à dénoncer les risques de la technologie et de la société de consommation avec un siècle d'avance. Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994) économiste Roumain, considéré parfois comme le « père » de la décroissance, a contribué par ses travaux sur la physique thermodynamique et la biologie évolutionniste à définir une économie qui remet en cause la croissance. 

En 1972, André Gorz introduisait le terme de non-croissance, décliné par le Club de Rome sous l'appellation croissance zéro

Au début des années 2000, on assista à l'émergence d'un mouvement qui fit parler de la décroissance. Ce phénomène traduisait une prise de conscience plus forte des risques planétaires, à la fois sur le plan environnemental (dérèglement climatique, appauvrissement de la biodiversité, épuisement des ressources naturelles, problème de l'eau...) et sur le plan humain (crise urbaine, maladies liées à la pollution, montée des exclusions...)

En 2002, sous le patronage d'Ivan Illich, un colloque avait eu lieu à Paris sur ce thème. Il s'intitulait  "Défaire le développement, refaire le monde". Ce titre annonçait clairement qu'il fallait abandonner l'idée du développement productiviste et construire un autre monde basé sur la décroissance.

En 2005, l'association Casseurs de Pub, très active, menait des actions médiatiques dénonçant la société de consommation.

Par la suite, la mouvance multiforme n'a pas réussi à travailler ensemble.

Aujourd'hui, la REV inscrit la décroissance parmi ses  objectifs  politiques.

Respecter le vivant

L'état de la planète a commencé à se dégrader fortement quand a débuté l'ère industrielle. Il a fallu attendre la première moitié du vingtième siècle pour connaître les conséquences de la croissance. Mais le système productiviste n'en n'a pas tenu compte.

La décroissance défend le vivant. Pour toutes les actions que l'homme fait, il doit se montrer responsable. Ce principe doit appeler l'homme à avoir d'autres rapports avec la nature. Au lieu de chercher à la domestiquer, à la modifier en profondeur, il doit vivre en symbiose avec elle, s'intégrer en tenant compte des lois qui régissent le fonctionnement de la vie. L'état de la Nature impose au plus vite une réconciliation de l'homme avec elle. 

Certains dégâts, en ce qui concerne la biodiversité par exemple, sont certes irréparables. Dans ce cas, il s'agit de sauver ce qui peut l'être. Pour cela, il est impératif de cesser la domination exercée  sur la nature, de cesser de croire que des performances techniques peuvent venir à bout de tous les problèmes. Il faut cesser de donner la priorité aux raisons économiques. Chaque décision prise doit tenir compte de son impact environnemental et humain. Réconcilier l'homme et la nature, ce n'est pas un retour vers le passé. C'est au contraire une avancée qui demande de développer la recherche, d'augmenter les connaissances pour mieux comprendre la nature et tirer parti de ce qu'elle peut apporter à l'homme sans compromettre l'avenir.

En matière d'agriculture par exemple, c'est bien entendu la culture biologique qui s'impose. Refuser d'utiliser des intrants chimiques réclame une meilleure connaissance des sols, des plantes, des écosystèmes. 

En ce qui concerne les animaux, aucun ne  doit être tué. Cela réclame la fin de la chasse  et la mort dans  un abattoir. Quant à la pêche, le problème est simple : on laisse tranquille tous les animaux qui vivent dans l'eau. Il en est de même pour les insectes. Tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à l'écologie connaissent les conséquences dramatiques qu'auraient sur l'agriculture la disparition des insectes pollinisateurs à qui l'on doit une bonne part des récoltes.                                                              

Une nouvelle logique est nécessaire : il faut passer de l'idée de compétition à la coopération, de l'idée de concurrence à la complémentarité. L'économie sociale et solidaire a prouvé qu'une autre économie était possible. Elle a déjà défini les grandes lignes du monde de demain en tissant des liens entre les questions économiques, sociales et  écologiques, en ayant une vision sur le long terme. Et puis, fait important, elle n'a pas le profit pour but essentiel.

Améliorer les informations en direction des citoyens et des décideurs est une autre nécessité. Cela suppose que ces informations soient honnêtes.

Une meilleure vie pour tous

La Déclaration universelle des droits de l'Homme dit :

Article 23 : Toute personne a droit au travail

Article 24 : Toute personne a droit au repos et aux loisirs.

Article 25 : Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé et son bien-être.

Article 26 : Toute personne a droit à l'éducation.

Voici quelques  articles qu'il sera nécessaire d'appliquer.

Équitable,  la décroissance portera une attention particulière à la satisfaction des besoins vitaux: la santé, l'éducation, la culture, l'alimentation, l'habitation... Tous ces besoins devront être accessibles à tous les humains. Le nouveau monde lancera les bases d'une nouvelle société en tenant compte des réalités constatées :

- Pour lutter contre le chômage, le partage du travail sera nécessaire.

- Le temps de la compétition et de la concurrence aura une fin.

Dans tous les domaines,  les idées de coopération et de sobriété doivent s'imposer.

- Il y a beaucoup de richesses dans de nombreux pays, mais celles-ci sont mal réparties. Le temps des injustices criantes aura lui aussi une fin : la société de demain devra notamment respecter les équilibres entre pays du Nord et du Sud.

La créativité, le développement des sentiments, l'art, la poésie, le spectacle vivant, la culture débarrassée de ses aspects mercantiles, la réactivation des liens entre les personnes et le brassage des cultures doivent contribuer à ce réenchantement. 

Réconcilier l'homme et la nature, c'est aussi retrouver une autre façon de vivre, une recherche du bien-être. Ce monde nouveau est possible. Il faut pour cela une révolution. Celle-ci se construira pas à pas. Elle naîtra du foisonnement des initiatives citoyennes prises dans tous les domaines. Elle s'appuiera sur des valeurs morales humanistes : la solidarité, le partage, la convivialité, l'honnêteté, la coopération, le respect du vivant.

Cette révolution ne sera pas brutale. Elle sera un ensemencement progressif.

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